UEMOA: Le comptoir français d’Afrique de l’Ouest?

Un comptoir colonial est une organisation établie sur un territoire conquis pour favoriser le commerce du pays dominant. Avec la colonisation, ces comptoirs ont proliféré en Afrique telles des champignons. Certains ont disparu après les indépendances, tandis que d’autres ont évolué en changeant de nom. Créé le 26 décembre 1945 sous le nom infâme de « franc des Colonies Françaises d’Afrique », le franc CFA demeure un vestige du colonialisme qui continue à impacter nos vies. À partir de 1962, cette monnaie coloniale a été adoptée par la zone monétaire connue sous le nom d’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), entretenant ainsi la captation de nos ressources d’exportation par le Trésor français. Avec la création de l’UEMOA, l’UMOA, dont le siège est à Abidjan, est devenue moins visible, sans pour autant cesser d’exister. Cependant, le rôle de comptoir colonial a été repris par l’UEMOA, qui a été utilisée comme instrument pour asphyxier le Mali à la demande de la CEDEAO et de la France le 9 janvier 2022.

En dépit d’une décision de la cour de justice de l’UEMOA ordonnant la suspension des sanctions financières et économiques contre le Mali, l’institution gardienne de la seule monnaie coloniale ayant cours légal refusera d’obtempérer, affichant clairement qu’elle est plutôt au service des puissances étrangères comme les comptoirs coloniaux.

La décision du sommet de la CEDEAO du 04 juin 2022 de maintenir les sanctions illégales contre le Mali sans condamner le refus persistant de l’UEMOA d’obtempérer à une décision de justice est un témoignage éloquent de l’éloignement de ces organisations vis-à-vis de la promotion de la bonne gouvernance. Composée en majorité de pays francophones de l’espace EX-AOF, l’UEMOA ressemble davantage à un satellite du Ministère français de l’Économie qu’à une organisation communautaire.

Le 21 décembre 2020, dans un tour de passe-passe digne d’un braquage institutionnel et monétaire, le Président Macron a annoncé, sans consulter nos Chefs d’État, le remplacement du franc CFA par l’ECO, le projet de monnaie de la CEDEAO. Aucun des pays membres n’a contesté cette décision insolite prise sans leur implication, confirmant ainsi que le franc CFA est effectivement la propriété de la France qui le crée et décide d’asphyxier les pays utilisateurs ne se conformant pas suffisamment à ses politiques d’exploitation néocoloniale.

La nomination de Jean-Claude Brou à la tête de la BCEAO pour gérer la politique monétaire de l’UEMOA constitue une preuve supplémentaire de la subordination de l’institution à la France. En effet, M. Brou, qui ne possède ni le charisme ni le courage politique de ses prédécesseurs Marcel de Souza ou encore Mohamed Ibn Chambas, a considérablement dévalué la fonction. Il n’a pas exprimé d’opinions marquantes et n’a jamais su attirer l’attention des Chefs d’État sur la complexité de la situation au Mali, ne prévoyant aucun changement dans les politiques monétaires oppressives de l’UEMOA.

En conclusion, l’UEMOA continue de jouer le rôle de comptoir colonial au service des intérêts étrangers, en maintenant des structures héritées de la colonisation qui entravent le développement économique et la souveraineté des pays membres. Il est impératif que les dirigeants africains prennent des mesures décisives pour rompre avec ce passé néfaste et œuvrent vers une véritable autonomie économique et politique pour le bien-être de leurs populations.

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