La responsabilité juridique, politique et morale de la France dans la déstabilisation de la Libye et, par voie de conséquence, des pays du Sahel est pleine et entière. Le 23 mars 2022 à l’Élysée, le Président Emmanuel Macron a officiellement reconnu la responsabilité de la France dans les désordres qui agitent la Libye et le Sahel depuis une décennie, en des termes sans équivoque : « Nous avons une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre ».La situation a depuis lors nettement évolué, et le départ de Barkhane du Mali a permis au gouvernement malien de collecter un faisceau de preuves confirmant ce que tout le monde savait : le soutien de la France au terrorisme. Le Conseil de Sécurité ne va probablement pas donner l’occasion au Mali d’exposer ses preuves accablantes contre l’un de ses membres permanents, et il est temps que nos pays exigent une juste réparation et le départ définitif de la France du Sahel. Le bilan de cette crise provoquée depuis la Libye par la France et l’OTAN, et entrevue dans nos pays, est excessivement lourd. L’échec bien calculé de l’intervention française au Mali a non seulement paralysé les armées du Mali et celles des autres pays de la région, mais surtout permis à la menace terroriste de se propager au reste du pays ainsi qu’aux pays voisins que sont le Burkina Faso et le Niger. Plusieurs milliers de morts par an, plus de 500 000 réfugiés, plus de 3 000 000 de déplacés internes, des milliers de femmes et d’enfants victimes de violences et de privations, des infrastructures détruites, une économie fragilisée, et une insécurité généralisée sont les conséquences tragiques de cette crise. Il est impératif que la France assume ses responsabilités et compense les dommages causés par son implication dans la région.
Il est grand temps que les pays du Sahel exigent des réparations justes et équitables pour les souffrances endurées et les pertes subies en raison de l’ingérence de la France. Il est également crucial que la France se retire définitivement du Sahel pour permettre aux pays de la région de reconstruire et de stabiliser leurs sociétés sans ingérence extérieure.
Il est temps de tourner la page de l’ingérence étrangère et de travailler ensemble pour un avenir meilleur pour le Sahel. Nous sommes à un tournant de nos relations avec la France et le contexte international est particulièrement favorable à notre cause. Les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ne doivent en aucune manière manquer cette opportunité de réclamer des réparations pour les dommages subis du fait de l’insécurité qui sévit dans nos pays et qui est une conséquence directe de la déstabilisation de la Libye et de l’interventionnisme français au Sahel. Aujourd’hui la question n’est plus de savoir si la France soutient le terrorisme mais plutôt à quand et pour combien va-t-elle nous dédommager.
Il est de notre devoir en tant que citoyens de ces pays de mettre en lumière les actions destructrices de la France et de réclamer justice et réparation pour les victimes de cette crise.