Force anti-putsch de la CEDEAO : un coup de pouce au terrorisme?

La CEDEAO nous a déjà habitués à la fois à l’incohérence et à la violation de ses textes, ce qui semble devenir une habitude de plus en plus courante au sein de cette organisation. Cependant, l’incongruité et l’extravagance semblent surtout s’accélérer comme mode de gouvernance de l’organisation depuis que l’Élysée a réussi à imposer à la tête de la Conférence des Chefs d’État le Président Umaro Sissoco Embaló, un leader jugé immature et impulsif. Le Communiqué du 62e Sommet tenu à Abuja le 04 décembre 2022 en est la plus parfaite illustration. Les principaux sujets préoccupant les populations ont été relégués au second plan, au profit de questions de politique intérieure ou de justice des États membres, totalement déconnectées de la mission de la CEDEAO. Aujourd’hui, nous nous pencherons sur l’une des nombreuses aberrations contenues dans les résolutions du Sommet : la Force anti-putsch. D’où vient l’idée de la force anti-putsch ? L’idée de la force anti-putsch a été évoquée pour la première fois par le Président Umaro Sissoco Embaló le 28 juillet 2022 lors de la brève visite de M. Macron en Guinée-Bissau à la recherche d’alliés pour contrer le rejet croissant de la présence militaire française en Afrique. Arrivée dans nos pays à travers des accords de coopération opaques et mystérieux, l’armée française a cherché à profiter de la déstabilisation de la Libye pour susciter la crainte au sein de nos pays grâce à la menace grandissante de la propagation du terrorisme.
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L’idée de la nécessité de la présence française, rapidement imposée au Mali sous la menace des groupes armés venus de Libye, s’est complètement évanouie avec l’échec de l’opération Barkhane au Sahel. Rejetée par les populations et par les régimes les plus patriotes en place, la Francafrique, par le biais de l’un de ses serviteurs les plus zélés, en présence du Président Macron, a sorti de son chapeau l’idée d’une force anti-putsch. Une belle occasion de maintenir les forces françaises qui excellent davantage dans les coups d’État que dans la lutte contre le terrorisme.

Quelle est la mission de la force anti-putsch ? Le communiqué issu du 62e Sommet ne répond pas clairement à cette question et se contente d’annoncer : « La conférence décide également de mettre en place une force régionale dont le mandat inclura la restauration de l’ordre constitutionnel partout où il est menacé dans la sous-région. » Que signifie « menace contre l’ordre constitutionnel » ? Une tentative de coup d’État ? Une révision constitutionnelle qui ne serait pas du goût de la CEDEAO ou de ses « partenaires » ? Une crise électorale, telle que celle ayant servi d’alibi pour déstabiliser le régime de Laurent Gbagbo ? Cette force interviendra-t-elle en Côte d’Ivoire, où le Président en place a modifié l’ordre constitutionnel pour se maintenir au pouvoir ? Attaquera-t-elle simultanément le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, qui ont connu des coups d’É.tat ? Interviendra-t-elle au Sénégal si M. Macky Sall décide de se maintenir au pouvoir pour un troisième mandat ?
Si les élections de février 2022 au Nigeria tournent mal, cette force ira-t-elle imposer l’ordre constitutionnel aux 200 000 hommes de la Nigerian Armed Forces ? Personne ne sait exactement si cette force va s’intéresser aux situations en cours ou à venir. Mais l’origine de l’idée ne laisse aucun doute sur le fait que cette force ne visera que les pays dont les gouvernements ne sont pas suffisamment soumis à la France. En matière d’ingérence militaire et de sanctions contre les pays qui manifestent des velléités d’indépendance, la CEDEAO et la France ne semblent pas se soucier des textes, ce qui laisse craindre que cette force ne constitue une véritable menace pour la stabilité de nos pays.

À qui profite la Force anti-putsch ? Les États membres de la CEDEAO ont lancé ou sont membres de plusieurs initiatives militaires non coordonnées et qu’ils n’ont déjà pas les moyens de financer. Il y a d’abord la Force en Attente de la CEDEAO, un projet évoqué depuis près d’une décennie, mais qui n’existe que sur le papier. En parallèle de la Force en Attente, une autre force tout aussi mythique fait l’objet de discussions et de discours : la Force de l’Initiative d’ACCRA, regroupant principalement des membres de la CEDEAO. À cela s’ajoute la Force G5 Sahel, créée à l’instigation de la France pour anticiper le départ de Barkhane, qui s’enlisait au Mali. Cette force, mise en place pour la lutte contre le terrorisme, a réalisé quelques actions significatives, mais n’a aucune stratégie propre, et sa totale dépendance de Barkhane l’a privée de toute efficacité opérationnelle. En plus de ces forces fantomatiques, l’Initiative conjointe des Présidents Emballo et Macron a donc été adoptée sans difficulté lors du 62e Sommet de la CEDEAO, donnant naissance à une force anti-putsch. Cette force sera probablement utilisée comme un moyen de déstabiliser nos armées dans leur lutte contre le terrorisme. Le lien avec la France, déjà ouvertement accusée de soutenir le terrorisme au Sahel, renforce les doutes sur les véritables motivations de cette force décidée par une assemblée dont la moitié est suspectée d’être mal élue.

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